Les pneus de la vieille chevrolet hurlaient leurs mécontentements à chaque virage serré que faisait prendre Stella à sa voiture. La lune était haute dans la ciel et la jeune femme remerciait la chance que pour une fois la route entre Los Angeles et Santa Flora soit presque vide, car d'habitude, même le jeudi en pleine nuit il y avait du monde. Un sérieux coup de pouce du hasard, avec la l’étudiante en droit roulait aussi vite que la loi l’autorisât, prenant tous les risques légaux pour diminuer autant que faire ce peu le temps qu’elle mît habituellement pour faire le trajet reliant les deux villes. Ce n’était pas dans les habitudes de Stella de se comporter ainsi, mais urgence faisait loi et tant pis si elle prenait un peu de risque. Il suffisait juste de ne pas trop écouter le couinement de plus en plus aigu de ses disques de freins.
Il était déjà tard et elle révisait pour passer l’un de ses derniers examens de l’année. Déjà dans les couloirs des dortoirs de l’université l’ambiance des vacances commençaient à se faire sentir, mais toujours sérieuses, Stella essayait de ne pas se laisser emporter par la fièvre de l’été fraîchement arrivée, une fièvre qui avait pris sans aucune retenue sa camarade de chambre, disparue au bras d’un garçon un peu idiot quatre heures plus tot. Aussi, elle avait profité de la tranquillité et s’était mise à son aise, jusqu’à ce que son téléphone se mette à vibre, affichant le portrait de sa petite soeur sur l’écran.
Les freins hurlèrent lorsque Stella se gara sans aucune délicatesse sur le parking de l’hôpital de Santa Flora. Frein à main, portière ouverte à la volé. L’étudiante bondit hors de sa voiture, attrapant son sac verrouilla avant de enfin se précipiter vers l’intérieur, toute débraillée et inquiete. Elle regarda à droit et à gauche, avant d’aller vers la salle d’attente des urgences, sans même prendre le temps de saluer l’infirmière à l’accueil.
Sa soeur était aux urgences, ou du moins devait y aller. Le message était assez confus, mais il n’en fallait pas plus pour la convaincre de tout abandonner et partir sans attendre. Juste le temps d’enfiler un jean, une paire de converses et elle était dans sa voiture.
— Sha ?!
Un peu essoufflée et surtout perdue, Stella avait enfin retrouvé sa petite soeur qui semblait bien piteuse dans la salle d’attente. Au moins, elle ne paraissait pas gravement blessée. Sans cérémonie elle prit sa soeur dans ses bras.
— Sha, ça va ? Que ce passe-t-il ? Maman n’est pas là ? demanda—elle, ses paroles chargées d’inquiétudes sortant de ses lèvres comme le torrent d’une rivière en furie.
tw: évocation de relation sexuelle semi-protégée, lexique sexuel, anxiété.
« C’est bizarre, je trouve pas le préservatif. - Il te faut aussi un cours d’anatomie sur ton propre corps ? - Non, non mais le préservatif n’est plus là. »
Un silence s’installe. Un regard furtif sur son intimité, effectivement, nue d’une quelconque protection. Pas spécialement la plus maligne des gamines, certes, mais il ne te faut pas plus d’un quart de secondes pour comprendre où le bout de latex est dorénavant logé. Les chances que cette situation arrive sont minimes et pourtant, elles sont tombées sur toi. Un moment de panique, tu sors du lit brusquement, d’un mouvement agressif, tu prends tes vêtements au sol et tu t’empresses de les enfiler. Autant de risques pour un moment pas franchement glorieux ou même fameux. Ton petit-ami te voit t’activer sans comprendre. Il te voit être inquiète, te presser, un peu en colère.
« Qu’est-ce qu’on va faire ? - Oh, rien. On va attendre qu’il sorte tout seul de mon vagin. - T’es sûre que c’est une bonne idée ? - Bien sûr que non ! On va aux urgences ! »
Sur ces mots, tu lui balances son caleçon, qu’il comprenne qu’il faut y aller le plus vite possible. Le plus vite cette chose est en dehors de ton corps, le plus vite tu pourras t’en remettre, psychologiquement, en tout cas. Une fois le jeune homme prêt, vous montez dans sa voiture. Le véhicule n’est pas dernier cri, de ce fait, il peine un peu à démarrer. Ce qui fortifie ta panique. Stressée, inquiète, paniquée, ton eczéma s’éveille. Instinctivement, en ressentant les démangeaisons, tu ne peux t’empêcher de te gratter violemment, presque à aller jusqu’au sang.
Jamais un trajet ne t’aura paru aussi long, interminable, sans fin. L’impression que l’hôpital est dans un autre état. En vain, ton compagnon essaye de te rassurer, de trouver les bons mots. Rien à faire. Bien que tu apprécies sincèrement ses attentions, tu ne peux t’empêcher d’imaginer le pire. En train d’annoncer ta grossesse à tes parents. En train d’acheter des vêtements de maternité. Imaginant un gamin appeler ta sœur, tata. Des frissons dans le dos d’imaginer tout ça. Cependant, grâce à cette imagination fertile, le trajet passe plus vite et avant même que tu te mettes en tête une énième autre scène, vous êtes arrivés.
Il est tard, en milieu de semaine, il n’y a que très peu de monde. Une chance. Alors que tu viens tout juste de passer la porte des urgences, un médecin de garde vient te donner les papiers à remplir. Ce que tu fais, vite. Après quoi, tu prends ton téléphone en main et envoie un message à ta grande-sœur, Stella. Impossible de concevoir l’idée de faire de même avec ta mère. Bien assez tôt, elle saura que tu as fini à l’hôpital un mercredi soir. Autant retarder au plus le moment de la découverte. Dans ce message, tu lui demandes d’arriver le plus vite possible à l’hôpital de Santa Flora, que plus que jamais, tu as besoin de ta frangine, d’un réconfort.
En une heure, tu es auscultée et sauvée par un professionnel qui a retiré l'intrus de ton corps. Ton petit-ami, fidèle et loyal, lui, reste avec toi, combien même tu lui as dit que Stella ne devrait pas tarder. Ainsi, la prescription médicale dans tes mains, vous attendez patiemment l’aînée des Barnes… surtout sous ordre du médecin qui a été assez clément pour ne pas appeler ton père ou ta mère, si tu attendais au moins ta frangine dans la salle d’attente.
« Merci d’être resté. »
Il est rare que le mot “merci” sorte de ta bouche. Toutefois, tu ne pouvais pas être de mauvaise foi, celle qui fait ta réputation, le concernant. Si votre première fois n’était pas une réussite et voire même plutôt chaotique au vue de la finalité des choses, tu ne pouvais pas lui retirer le fait d’être un petit-ami en or.
Et à peine a-t-il répondu que, en furie, Stella arrive dans les urgences. Immédiatement, tu te lèves et contre toute attente, elle te prend dans ses bras. Si d’habitude, tu l’aurais rejetée, tu dois bien admettre avoir besoin de cette accolade plus que jamais. Puis, tu veux profiter du temps où elle ne sait pas encore le pourquoi du comment de ta présence dans l’établissement de santé.
« Ça va, plus de peur que de mal. »
Rapidement, l’urgentiste qui s’est occupé de toi arrive à votre hauteur, afin d’expliquer la situation à l’adulte responsable que tu as désigné.
« Bonsoir, Mademoiselle Barnes. Ne vous inquiétez pas, votre sœur va bien. Cependant, comme le préservatif est resté coincé, par mesure de sécurité, nous lui avons prescrit une pilule du lendemain afin d’éviter au maximum une grossesse non-désirée. »
Embarrassés, ton partenaire et toi baissés la tête, plongeant vos regards sur le sol, honteux qu’une telle situation se sache davantage. Ton envie absolue ? Que tout cela s’arrête. De ce fait, aussitôt sa phrase terminée, tu prends le bras de ta sœur pour la diriger vers la sortie.
« Oui, merci, docteur. Au revoir. On y va, Stella. »
Stella était rassurée de voir que Shannon semblait ne pas avoir de blessures graves… pas de bras ou de jambe dans un plâtre, pas de coupure sur le visage ou de tache de sang sur les vêtements. Juste Shannon et son petit-ami dont le prénom lui échappait pour le moment. Sans attendre, et même si Stella savait que sa petite soeur n’était pas très tactile, elle ne put s’empêcher de la prendre dans ses bras dès qu’elle l’avait retrouvé. Et étonnamment, ce câlin lui fut rendu, ce qui inquiétait encore plus Stella. Mais avant d’avoir put demander quoi que ce soit, un médecin arriva et commença à déballer les raisons de la présence de Shannon à l’hôpital.
— Que… quoi, un préservatif ?une demi seconde plus tard, la lumière se fit dans son cerveau comprenant ce que le médecin venait de dire et surtout ce que cela sous entendait. Un regard assassin au petit ami plus tard, elle se reconcentra sur le médecin. Oh… je vous remercie de ce que vous avez fait docteur, je suis certaine que vous avez bien traité ma petite soeur. J’imagine que Shannon vous a déjà demandez de faire preuve de discrétion ?
Leur mère ne devait pas le savoir, autant parce que Shannon en mourait surement de honte, mais aussi car elles ne voulaient sans doute ni l’une ni l’autre recevoir un nouveau serment sur les dangers du sexe sans protection et des grossesses précoce. Deux évènements qui avaient mené ensemble à l’existence même de Stella après tout. Le médecin fit un petit signe de tête pour acquiescer juste avant que Shannon l’attrape par le bras pour la guider vers la sortie. Stella eut juste le temps d’attraper la facture tendu par celui-ci avant de suivre sa petite soeur.
— Attend, il faut que je passes à l’accueil, si on règle pas l’intervention maintenant la facture arrivera jusqu’à maman et je penses pas qu'on en ait vraiment envie.
Et ca allait faire un trou dans son budget du mois, mais pas le choix sinon être venue jusqu’ici sans appeler leur mère n’aurait servit à rien. Elle sortie les clés de sa voiture pour les tendre à Shannon.
— Je suis garé devant, va m’attendre dedans si tu veux, je n’en ai pas pour longtemps. Et tu te mets pas derrière le volant !
Elle laissa sa soeur pour régler les dernières formalités et faire tout ce qu’il était possible pour que leur maman ne soit pas mise au courant. Ce serait vraiment affreux. Mais pire encore, Stella venait de découvrir que sa petite soeur avait une vie sexuelle active, depuis elle seule savait quand. Sa petite soeur avait perdu sa virginité avant elle..
— Merde, gronda-t-elle en récupérant sa carte bleu. S’empressant de fourrer la facture au fond de son sac se rappelant de ne pas la laisser traîner.
Puis sans plus attendre, elle retrouva sa soeur et son petit ami dehors, essayant de leur offrir un sourire réconfortant, mais pas moqueur.
— Et maintenant ? Je supposes que vous n'avez pas besoin que je vous fasses la leçon sur le fait de faire plus attention ?
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Les pneus de la vieille chevrolet hurlaient leurs mécontentements à chaque virage serré que faisait prendre Stella à sa voiture. La lune était haute dans la ciel et la jeune femme remerciait la chance que pour une fois la route entre Los Angeles et Santa Flora soit presque vide, car d'habitude, même le jeudi en pleine nuit il y avait du monde. Un sérieux coup de pouce du hasard, avec la l’étudiante en droit roulait aussi vite que la loi l’autorisât, prenant tous les risques légaux pour diminuer autant que faire ce peu le temps qu’elle mît habituellement pour faire le trajet reliant les deux villes. Ce n’était pas dans les habitudes de Stella de se comporter ainsi, mais urgence faisait loi et tant pis si elle prenait un peu de risque. Il suffisait juste de ne pas trop écouter le couinement de plus en plus aigu de ses disques de freins.
